Sima Ouahman, soprano, Oriane Lavignolle, alto et Ayaka Matsuda, piano
Dimanche 8 juin à 20h dans la salle municipale, à Plougasnou.
Paris romantique, voyage à la belle époque. Ce concert propose un voyage autour de la musique française du XXe siècle, à un moment charnière où les formes classiques s’effacent peu à peu au profit de nouvelles couleurs, de nouvelles libertés. Entre impressionnisme musical, poésie, influences orientales et traditions populaires, les œuvres de ce programme témoignent d’une époque riche en bouleversements artistiques, marquée par l’expérimentation et l’ouverture.; Claude Debussy, figure centrale de cette révolution, bouleverse les codes de l’harmonie et du discours musical. Les deux mélodies, composées dans les années 1880 sur des poèmes de Paul Bourget, figure importante du paysage littéraire de cette époque. Philosophe, mais catégorisé anti moderniste, Bourget est aussi l’auteur d’une poésie imprégnée de mystère, d’émotions feutrées et de mélancolie amoureuse. Dans Romance "L’âme évaporée" et Les cloches, Debussy traduit un goût pour l’ellipse, le mystère, l’évocation plutôt que l’affirmation. ; Maurice Ravel compose ses Deux mélodies hébraïques en 1914, s’inspirant de sources traditionnelles juives. La première, Kaddish, met en musique une ancienne prière araméenne chantée dans la liturgie juive, un texte solennel qui, sans évoquer directement la mort, célèbre la grandeur divine dans un esprit de recueillement. La seconde, L’Énigme éternelle, est une chanson populaire yiddish, méditation grave et poétique sur le mystère de l’existence.; Louis Vierne, élève de Franck, professeur de Nadia boulanger et proche de la tradition organistique française, occupe une place à part. Sa musique reste ancrée dans un romantisme tardif, mais sa sensibilité, par son écriture élégante trouvent toute leur place dans ce programme. Ses pièces pour alto et piano, moins connues, offrent un moment de lyrisme contenu, entre ombre et lumière.; Enfin, la Sonate pour alto et piano de Rebecca Clarke, composée en 1919, prolonge et élargit ces influences. Britannique, Rebecca Clarke s’imprègne des langages de la musique Française de Debussy, Ravel ou encore de Vaughan Williams. Sa sonate, dramatique, structurée, mais toujours épris d’une grande liberté, s’impose comme une des grandes œuvres du répertoire de l’alto. ; À travers ces œuvres, ce concert esquisse le portrait d’une époque en mouvement, faite de croisements culturels, d’explorations sonores et de nouvelles voix. Comme toujours, nous vous proposons de nous retrouver autour d'un cocktail après le concert à Pont Ar Gler. Au programme Claude Debussy (1862–1918) : Deux mélodies sur des poèmes de Paul Bourget • Romance « L’âme évaporée » • Les cloches Maurice Ravel (1875–1937) : Deux mélodies hébraïques • Kaddish • L’Énigme éternelle Louis Vierne (1870–1937) : Deux pièces pour alto et piano • Le soir • Légende Rebecca Clarke (1886–1979) : Sonate pour alto et piano (1919) Les textes: Debussy
1. Romance « L’âme évaporée » L’âme évaporée et souffrante,
L’âme douce, l’âme odorante
Des lys divins que j’ai cueillis
Dans le jardin de ta pensée,
Où donc les vents l’ont-ils chassée,
Cette âme adorable des lys ?
N’est-il plus un parfum qui reste
De la suavité céleste
Des jours où tu m’enveloppais
D’une vapeur surnaturelle,
Faite d’espoir, d’amour fidèle,
De béatitude et de paix ? 2. Les cloches O triste, triste était mon âme
À cause, à cause d’une femme.
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon cœur s’en soit allé,
Bien que mon cœur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme.
Je ne me suis pas consolé,
Bien que mon cœur s’en soit allé.
Et mon âme est triste encore
À cause, à cause d’une femme.
J’ai rêvé d’elle cette nuit.
Elle avait un doux sourire,
Elle avait un doux regard,
Et j’ai tendu les bras pour la prendre...
Mais elle s’est évanouie
En sonnant l’heure avec les cloches. Ravel 1. Kaddish
Texte liturgique traditionnel en araméen
(Version utilisée par Ravel, issue de la tradition ashkénaze) Yitgadal veyitkadash sh'mei raba
Be'alma di v'ra chirutei
Veyamlich malchutei
Bechayeichon uvyomeichon
Uvchayei dechol beit Yisrael
Ba'agala uvizman kariv, ve'imru amen.
Yehei sh'mei raba mevorach
Le'alam ul'almei almaya
Yitbarach veyishtabach veyitpa'ar veyitromam veyitnasei
Veyit'hadar veyitaleh veyit'halal
Sh'mei dekudsha b'rich hu
Le'ela min kol birchata v'shirata
Tushb'chata v'nechemata
Da'amiran be'alma, ve'imru amen. Traduction française :
Que soit magnifié et sanctifié son grand nom
Dans le monde qu’il a créé selon sa volonté.
Qu’il fasse régner son royaume,
Que sa volonté se réalise
Dans vos vies, vos jours,
Et dans la vie de toute la maison d’Israël,
Rapidement et bientôt. Et dites : Amen.
Que son grand nom soit béni
À jamais et dans tous les siècles.
Béni, loué, glorifié, exalté, élevé, honoré,
Élevé encore et célébré
Soit le nom du Saint, béni soit-Il,
Bien au-delà de toutes bénédictions,
Chants, louanges et consolations
Qu’on puisse dire dans ce monde. Et dites : Amen. 2. L’Énigme éternelle Texte en yiddish traditionnel, traduit en français.
(Titre original : Tsu der Kasha – « À l’énigme ») Dis-moi, quel est ce peuple étrange,
Qui se lamente nuit et jour,
Et toujours attend qu’un ange
Vienne lui rendre l’amour ?
Quelle est cette douleur ancienne,
Qui depuis des milliers d’années
Marche encore, fière et chrétienne,
En silence, sans se plaindre jamais ?
Qui donc, sous tant de misère,
Vit encore, prie et espère ?
L’énigme est grande,
L’énigme est éternelle…